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Des nouvelles de Julien
26 octobre 2008

Réponse à la ''Lettre d’un jeune précaire français à son ami sénégalais'' publiée par M. Gaël Lombart sur le site Rue89

Réponse à la ''Lettre d’un jeune précaire français à son ami sénégalais'' publiée par M. Gaël Lombart sur le site Rue89 :

http://www.rue89.com/2008/10/17/lettre-d-un-jeune-precaire-francais-a-son-ami-senegalais

Bonjour Gaël,

Tout d’abord et puisqu’on ne se connaît pas, je voudrais me présenter.

Je suis Julien Potron, je viens de terminer mes études en Chine et j’ai commencé à travailler à Shanghai depuis quelques semaines. Il y a de nombreuses années, alors que j’étais étudiant à Montpellier, j’ai monté un petit projet pour venir en aide, dans la mesure du possible à des amis sénégalais.

C’est en 2003 qu’avec l’aide de camarades de classe, nous avons monté une association loi 1901 en France; association grâce à laquelle nous avons envoyé des livres, des fournitures scolaires et des ordinateurs à un collège du Sénégal (à Ndiaganiao dans le département de Mbour).

Réunion au collège de Ndiaganiao

Ayant constaté la quasi inutilité de notre action, dans la mesure où il revient normalement à l’état d’entreprendre ce type d’action, mais aussi parce que cela ne permettait certainement pas d’enrayer quelque problème existentiel que ce soit, j’ai changé mon fusil d’épaule et après avoir rencontrer un professeur de philosophie inspiré et très actif, je me suis lancé dans une autre action.

Loumatyr Women

Samba Gnane, le professeur de philosophie en question avait monté dans son village natal un GIE Communautaire, dénommé NQEL JAB (pour « jeunes architectes du bien » en langue sérére). Ce GIE NQEL JAB se débrouillait tant bien que mal pour gérer et distribuer des micro-crédits à ses membres, afin qu’ils puissent subvenir aux besoins essentiels (nourriture, frais médicaux, scolarité, semences et vaccination du bétail).

(http://guejopaal.e-monsite.com/rubrique,nos-partenaires,59243.html)

De retour en Europe (puisque je suis parti en Allemagne continuer mes études), je me suis lancé à la recherche de fonds, en montant des pièces de théâtre de rue, ou en organisant des soirée culturelles.  Grâce à ces fonds nous avons pus fournir un capital de garantie, permettant d’octroyer plus de crédits aux membres du GIE, mais aussi de pallier au problème du non-paiement, dû à plusieurs facteurs (comme des funérailles dans la famille, ou encore la famine qui à sévit au milieu des années 2000, lors de l’invasion des criquets pèlerins).

Notre collaboration s’est aussi accrue lorsque j’ai mis en place des classeurs de gestion, destinés aux différents responsables alphabétisés des groupes du GIE (il y en a 17, à ce jour). Enfin l’un des axes de développement, que nous avons défini lors d’une AG du GIE, fut le lancement de projets de développement économique (car les micro-crédits ne suffisent pas à développer l’économie des villages concernés).

Loumatyr - Réunion du GIE NQEL JAB - Gestion Micro Crédit

Ces projets principalement misent en place à l’attention des jeunes et des femmes, ont pour objectif d’enrayer le phénomène du chômage et de l’inactivité - bref de la misère (source des tragédies humanitaires que nous connaissons bien). Après avoir créé un grenier à mil, permettant aux villageois de se mettre à l’abri des spéculations céréalières, nous avons créé une activité de tourisme, dont une partie du chiffre d’affaire est reversé au GIE NQEL JAB, puis grâce à des partenaires belges, le GIE a créé des poulaillers et s’est lancé dans un petit élevage, enfin nous aimerions lancer un projet de maraîchage, permettant de fixer la jeunesse des villages chez eux.

Le poulailler du GIE NQEL JAB.

En ce qui concerne notre structure de tourisme, celle-ci s’appelle ECOSEN, et nous avons un site Internet :

www.ecosentour.org

Mbour - Auberge Félicité

Cette structure, a déjà accueillis quatre groupe de 2 à 3 personnes depuis 2 ans, et le retour de la part des touristes est plus qu’encourageant. Ce qui fait vraiment plaisir à l’ensemble des personnes partie-prenante du projet.

Nell Cuvelier, Catherine Delvaux et Gaetan Brughmans lors d'un voyage ECOSEN.

Mais pourquoi est-ce que je vous écris me direz vous?

La raison est assez simple, les programmes que nous proposons aux touristes les emmènent presque toujours dans les îles du Saloum. J’aimerai donc en savoir plus sur votre ami Abdou, qui est guide de temps à autre. En effet j’espère que le bouche à oreille fonctionnera dans le futur et que ECOSEN, pourra gérer plusieurs groupes de touristes (en bed&breakfast chez l’habitant), et donc qu’un besoin se fera sentir en terme de guide et d’infrastructure au Saloum…

Pris par mes activités, je gère actuellement ECOSEN depuis la Chine, situation parfois cocasse puisque les touristes viennent du Canada, de France ou de Belgique, ce qui m’efforce à quelques calculs de décalages horaires…

Je ne vous cache pas qu’au niveau de nos activités de développement, c’est le plaisir qui guide mes pas, tandis que c'est bien la nécessité qui guide ceux de mes amis sénégalais. Le dialogue que nous entretenons est riche en enseignement et rempli de fierté les membres du GIE, même si un long chemin reste à parcourir.

Et puisque vous notez à la fin de votre article « Si nous ne nous battons pas, je continuerais à te dire que je n’ai pas le temps et tu continueras à m’en demander. », je vous propose donc d’encourager Abdou et ses amis, à s’organiser et à ne pas attendre, puisqu’à l’inverse de ce que vous avez écris « Vous, les Africains, vous êtes fatalistes. », il n’y a de fatalité que si elle est acceptée, et le peuple africain que je connais est loin de se résoudre à toute sorte de fatalité que ce soit.

Ton' Sombel

Je ne sais pas ce que vous pensez de nos activités, ni même si vous répondrez à ce courriel. Mais sachez que je me ferais un plaisir de répondre à vos questions.

Avec mes meilleures salutations.

Bien cordialement.

Julien Potron.

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Commentaires
J
Bonjour Julien,<br /> <br /> Je trouve ton projet formidable et je t'en félicite ! Le continent africain, qui est encore déchiré par ses guerres intestines et tribales, regorge de richesses non exploitées ou plutôt surexploitées par des entreprises étrangères. Le fatalisme n'existe pas, chacun peut modifier et édifier son destin à la condition d'être encouragé et motivé. <br /> <br /> C'est pourquoi ton travail, si modeste soit-il, est très important et apporte et apportera dans un futur proche, espérons-le, de l'eau au moulin à l'autonomie financière des Africains et surtout des femmes africaines qui sont selon moi, le moteur de l'économie de ce continent.
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